NASSER, SES TEMOIGNAGES DANS LA BANDE DE GAZA
11 Février 2009
Nasser nous dit :
- Avec Pascaline, nous avons vu le Centre de Jabaliya ce
matin pour commencer l'évaluation des besoins. Nous sommes allés, ensemble,
passer la commande pour 67 filtres, au lieu des 70 prévus. Avec le reste de
l'argent, on prendra des recharges car elles ne durent que 6 mois et les
familles n'auront pas l'argent pour payer ça.
- Le budget pour les fournitures scolaires et les biscuits
pour les enfants est en cours.
- La coordinatrice pédagogique du Centre de Rafah est
bloquée en Israël, elle ne peut rentrer avec Ali on fait une partie de son
travail auprès des enfants. Pascaline vient à Paris lundi prochain, donc elle fera
passer des informations.
- Electricité ok 24h/24, ça étonne tout le monde, ils n'ont
pas l'habitude !
Rendez-vous
téléphonique demain à 16h00 car il y aura aussi Pascaline et on pourra parler
en mĂŞme temps.
Lundi 2 février 2009 –
17H55 heure locale
Nasser nous dit :
- Je suis allé ce matin à Rafah pour visiter les 3 centres :
dans les centres du sud, avec beaucoup d'enfants et de mamans, pour recensement
des familles qui ont le plus besoin des filtres Ă eau, qui n'ont pas d'aide
extérieure ou qui sont les plus éloignées des points d'eau et qui doivent
envoyer leurs enfants avec des bidons, à plusieurs kilomètres.
- Actuellement, on négocie des filtres pour 25 000,00
dollars. Le commerçant nous fait cadeau de 3 filtres Ă eau en plus = entre 70 Ă
80 filtres.
- L’électricité on l’a depuis hier.
- Le matin Ă©galement : visites des animateurs dans les
écoles avec les enfants avec une française que est restée avec nous pour plusieurs
mois. Elle parle arabe.
- L'après-midi, après l’école, les enfants viennent dans les
centres avec les mamans, les enfants ont peur, ils ne veulent pas sortir sans
papa ou sans maman. Ils ont Ă©crit des romans, on pourrait les traduire et les
envoyer pour mettre sur le site de la Voix De l’Enfant. Ce serait bien si on
pouvait leur donner un petit peu de matériel scolaire. 1 € par enfant pour des
fournitures scolaires, 1000,- € pour le 2ème semestre pour les 600 ou 700
enfants et le reste pour un goûter journalier. Des chocolats pour les enfants,
ce serait bien.
- On prépare un projet de budget pour les fournitures
scolaires et les goûters. On pourrait de communiquer sur le soutien de la VDE
et EJE aux Gazaouis notamment pour les filtres.
- A demain, je vous attends. Je rentrerai du terrain. Merci
à tout le monde et à Christiane et Stéphane Hessel.
Dimanche 1er FĂ©vrier
2009 – heure locale 18h15
Nasser nous dit :
- Je viens d’arriver, ça fait deux heures que je cherche de
la poudre à lessive. Je n’ai pas trouvé de yaourts pour les enfants, j’ai été
très loin, c’est fou et ça coûte très cher.
- Ma fille est malade, elle a de l’asthme. Je l’ai emmenĂ©e Ă
l’hôpital, ça a été le choc, il y a beaucoup, beaucoup de monde, c’est l’hiver,
il fait très froid et il y a beaucoup de gens malades, beaucoup de gens
grippés. Le fuel est très mauvais pour les enfants, il sent mauvais. Cela fait
plus de trois mois que l’on a plus de gaz. Depuis hier on a de l’électricité,
on aurait le droit à 6 heures par jour. J’en ai mare de cette vie, on a plein,
plein de problèmes.
- C’est incroyable, hier j’ai passĂ© plus de 2 heures Ă
l’hôpital et aujourd’hui, plus de 2 heures à chercher de la poudre de lessive. J’aimerais
bien vivre tout simplement, même dans une maison en bois avec 2 pièces. Je ne
cherche pas à vivre bien mais comme tout le monde. Imaginez ceux qui n’ont pas
un peu d’argent, c’est terrible.
- C’est difficile pour les enfants. Il y a des fois où je ne
peux pas expliquer les choses. C’est dur de dire toujours NON. Nous, on est de
grandes personnes mais je ne voudrais pas que mes enfants vivent cette vie. Moi
j’espère, je suis toujours calme, j’essaie toujours de trouver des solutions,
j’essaie toujours de résoudre les problèmes,
- Hier,j’ai rencontré un journaliste, il a posé beaucoup de
questions sur les enfants. J’ai dit qu’il n’y avait pas que les enfants mais
aussi les parents, les adultes. Maintenant, personne ne veut sortir des
maisons, tout le monde veut rester chez soi. Il n’y a plus personne Ă
l’Université. Les étudiants n'ont pas le temps, il faut nettoyer, réparer,
reconstruire, ils n’ont pas fini,
- Aujourd’hui, par contre les enfants sont venus au Centre
de Rafah, 48 enfants. Importance de parler aux enfants mais aussi aux parents
et il faut faire en sorte de les accompagner à l’école. J’ai vu Gaëtan au
Centre Culturel Français. Il a des projets pour les enfants.
Rendez-vous est pris pour demain, en fin de journée au retour des Centres de Maghasi et de Rafah.
Nasser nous dit :
- J’ai bien reçu le mail et les photos, merci. Jérôme, tu es
plus jeune que ce que je croyais.
- Aujourd’hui, c’est le week-end. Je respecte le week-end,
je l’ai passé en famille, on a préparé les enfants pour aller à l'école demain.
- Je suis allé dans les Centres à Maghazi et à Rafha. Hier,
en y allant, on avait reçu un coup de téléphone pour nous dire que les israéliens
annonçaient des bombardements proches sur les tunnels. Or le Centre est près de
la frontière. Ils ont évacué les 50 enfants. Aujourd’hui, quand j’y suis allé
il n’y avait plus que 5 enfants car ils ont peur. Il y a une petite fille qui a
perdu son frère.
- A l’école, les petites filles ont peur et ne veulent y
aller qu’avec leur maman. Elles attendent que la guerre s’arrête pour retourner
au Centre. On leur a expliqué qu’il fallait venir et qu’elles feraient beaucoup
d’activités.
- Une jeune femme française, venue l’autre jour avec la
délégation est restée à Gaza pour nous aider dans les activités avec les
enfants. Elle parle arabe et cela facilite les choses. On va voir quel rĂ´le
elle peut jouer auprès des enfants mais aussi auprès des mamans qui sont « mal
».
- On a proposé que les mamans viennent au Centre avec leurs
enfants car ils ont peur. On va organiser des petits stages pour les mamans du
quartier (hygiène, cuisine, et autres…).
- Si on a les moyens pour organiser des stages on pourra ouvrir
des ateliers de sport, informatique, fromagerie, boulangerie. On a besoin de
spécialiste comme un formateur en fromagerie,
- Les enfants ont peur, hier, bombardements sur Rafha, il y
a eu un mort, Ă Khan Younes.
- L’électricité aujourd’hui c’est ok, environ 18h par jour.
- Pour l’eau, il faut un filtre. On peut passer une commande
pour l'achat de filtres à eau, environ 70 à 80 filtres pour 20 000 Euros. J’ai
trouvé le commerçant qui a des filtres à Gaza, on peut lui réserver, j’ai
négocié les prix.
- On pourrait prévoir les filtres d'abord pour les familles
qui n’ont pas les moyens d’acheter de l’eau potable et pour celles éloignées
des points d'eau et qui doivent envoyer, à plusieurs kilomètres, leurs enfants
remplir les bidons. On va recenser ces familles avec l’équipe.
- Je redis aussi que la formation des personnes est la plus
importante et l'envoi de personnel qualifié.
- Demain, je fais cours à la faculté, je partage mon
expérience et ma connaissance et l’après-midi j’irai à Rafha. La responsable
des Centres est bloquée en Israël, elle ne peut pas rentrer à Gaza.
- A demain, ça me fait du bien de vous parler.
Mercredi 28 janvier
2009 – 16h50 heure locale
Nasser nous dit :
- Je suis à la pâtisserie, aujourd'hui on a acheté des
gâteaux pour les enfants, pour la maison et pour les enfants des Centres Rafah
et de Maghazi où les activités reprennent.
- Aujourd'hui, je suis allé au Centre de Jabaliya où les
enfants reviennent de plus en plus nombreux. Le Centre est en cours de
réparation pour les portes et les fenêtres.
- Une fille de 9 ans qui Ă©tait du Centre est morte et 4
sœurs. Une bombe a frappé leur maison et la pièce où elles étaient. Il reste
une sœur. Elle vient au Centre mais elle ne parle plus, ne veut plus rien
faire, ne veut plus aller à l’école. Je suis triste, je connaissais bien cette
petite fille.
- 4 autres enfants ont été blessés. 5 filles ont leur maison
détruite et 4 autres ont leur maison endommagée lourdement, et toutes les
maisons encore debouts sont endommagées.
- On laisse les enfants s'exprimer librement. Ils font
beaucoup de dessins, le psychologue est toujours présent.
- Je suis allé à Maghazi, il y avait peu d’enfants, ils ont
peur de sortir des maisons, ils ont peur de quitter le papa ou la maman.
- Quand j’ai quitté le Centre, l’équipe de Rafah m’a appelé
pour me dire qu’elle venait de recevoir un appel des israéliens disant qu’ils
allaient bombarder. L’équipe a donc évacué, en hâte, les enfants et les
animateurs.
- Les enfants sont tristes car ils ont tous perdu un proche
ou une connaissance. Il faudrait deux animateurs en plus dans les Centres pour
aider davantage d'enfants. Chaque jour, les animateurs doivent remonter le
moral des enfants et souvent eux-mĂŞmes ne vont pas bien.
- Il y a 4 psychologues pour les 4 Centres et qui
travaillent toute la journée, il en faut plus car on apprend chaque jour plus
de choses et il y a beaucoup d’enfants qui en ont besoin.
- Il faut faire la Voix De l’Enfant à Gaza, on a plein de
choses Ă faire avec EJE.
- Dans les banques, il n'y a plus de shekels, mais on peut
retirer des dollars, seulement le change n'est pas bon.
- Ce matin pas d'électricité, mais maintenant oui.
- La livraison de gaz a dû arriver car des gens ramènent des
bouteilles, cela fait plus de 3 mois que l’on n’a plus de gaz et que l’on se
chauffe avec cet affreux pétrole qui sent très mauvais.
- On s’appelle demain en fin de journĂ©e après la visite Ă
Rafah.
Nasser nous dit :
- Pas d'électricité depuis ce matin, maintenant on vient de
l’avoir.
- On a eu une réunion EJE, on reprend le travail doucement
avec les enfants.
- Nous avons reçu des jeux de Jacques, envoyés avec le
Consulat Français. On va les découvrir avec les enfants, on va essayer la
semaine prochaine de les mettre dans les 4 centres. Je vais voir les règles des
jeux et je ferai une réunion avec les animateurs. Chaque fois que je fais une
réunion, je dois faire un rapport.
- Mise en place des activités EJE avec rapports et
évaluations. On a appris aujourd'hui qu’il y aurait 1 ou 2 enfants du centre
d’EJE qui seraient morts. On attend de vérifier l’information. Les voisins disent
qu’ils sont morts, on attend. Les animateurs continuent de chercher les
enfants. Plusieurs ont disparu, mais on ne sait pas s’ils ont fuit avec leurs
parents ou autres. L'Ă©cole recommence doucement avec les enfants. Les enfants
se disputent souvent.
- Parfois, il y a des faux bombardements. Les avions font du
bruit comme s'ils bombardaient. A cause de cela, toutes les écoles sont vidées
notamment celles de l'UNRWA. Quand les avions passent, les gens courent partout,
dans les rues, les magasins.
- A 15/16h tout le monde est Ă la maison, de peur de
nouveaux bombardements, la peur est toujours là , pour tout le monde, après 23
jours de bombardements. Beaucoup de familles n’ont plus de téléphone parce que
le réseau est coupé ou qu’ils ne peuvent pas payer les factures. Pareil pour l’électricité,
factures impayées. J'ai peur pour les enfants et je suis triste pour ceux qui
ont été tués, car ça on ne peut pas le reconstruire comme les maisons.
- Dans les centres, on va prendre plus d'enfants car
beaucoup sont livrés à eux-mêmes. On essaie de travailler doucement avec eux. On
fait ensemble des jeux créatifs en dehors des activités classiques que font les
professeurs. MĂŞme dans mes classes je fais des jeux, je les laisse crier,
bouger. Actuellement plus de méthode classique. Les enfants ne veulent pas
aller à l'école mais il faut leur dire que c'est nécessaire d'y retourner.
- Demain, visite du camp de Jabaliya / centre EJE (avec les
enfants) et celui de Rapha pour une évaluation. Les centres n’ont pas été
bombardés directement, ils sont très abimés mais j’ai peur pour les enfants. S’il
y a des jeux, un ordinateur de cassé, ce n’est pas grave, les enfants sont le
plus important pour moi.
- On a distribué des petits chocolats « des poissons », tout
le monde est content.
- On a proposé à Jacques de faire un petit cadeau à chaque
enfant pour les motiver à continuer à suivre les activités EJE et pour le
retour à l'école : 3/4 petits crayons de couleurs et un carnet qu’ils
peuvent aussi rapporter Ă la maison.
Depuis jeudi, nous
n’arrivions plus à joindre Nasser. Nous avions des nouvelles par l’Equipe d’EJE
(les Enfants, le Jeu et l’Education) qui, de Bethlehem, l’avait chaque jour au
téléphone. Aujourd’hui, après plusieurs essais, entre 18h et 19h40, nous avons
fini par le joindre. Nasser avait beaucoup de choses Ă partager et ce fut un
moment très fort car tout l’entretien, malgré la dureté de la situation, a été
sans agressivité ni rancune, constructif et tourné vers l’avenir. Quelle leçon.
- Ça va beaucoup mieux, aujourd’hui pas d’électricité mais
on en a de 16 à 18h par jour, on a fait la rentrée scolaire samedi mais les
enfants ne font pas encore le programme scolaire en classe. Ils ont décidé de
faire plein d’activités, ils chantent, ils dansent. Il y a des psychologues qui
interviennent. Les enfants sortent dehors comme les classes vertes, ils les
font bouger, chanter.
- Cette semaine, nous prenons le temps pour Ă©couter les
enfants, les laisser s’exprimer sur la guerre, sur ce qu’ils ont vécu, même les
grands, nous tous, on a besoin de parler.
- J’ai cru que vous m’aviez déjà oublié, vous n’appeliez
plus (nous lui avons expliqué que nous n’arrivions pas à le joindre),
- On a reçu votre juriste et la délégation, on a passé la
journée dehors et ils ont fini la
soirée chez moi. Ils ont dit qu’ils avaient entendu la chanson de Haya, ils ont
pris des photos de nous. Ils ont rencontré des familles qui ont tout perdu,
12/13 maisons détruites, qui ont perdu de nombreux membres de leurs familles,
qui ont perdu les poulets, les vaches, les moutons, tous morts. C’était triste
Ă voir.
- On est allé à Jabalya, on a vu l’école de l’UNRWA, ils ont
rencontré une famille dont 10 de leurs membres sont morts, plein d’histoires
tristes.
- J’ai passé plusieurs messages à tout le monde. C’est bien
de nous envoyer de l’aide, des produits alimentaires, des médicaments et autres
mais si vous voulez vraiment nous aider, il faut former les gens pour qu’ils
puissent travailler, il faut les former pour faire des projets, pour avoir un
travail après. Il faut faire des petits projets, 10/15/20 personnes, ils vont
travailler pour nourrir leur famille, ils vont retrouver leur dignité.
- Toutes les usines sont détruites, si vous voulez nous
aider, si vous voulez construire avec nous, si vous voulez aider les
Palestiniens, il faut faire entrer des experts pour former les gens comme pour
faire du fromage, une boulangerie, la menuiserie, ça nous permettra de
travailler. Il faut mieux que des spécialistes viennent former les gens sur
place, au lieu que des gens partent pour se former ailleurs, d’abord c’est
tellement compliqué de sortir et puis il faut reconstruire Gaza.
- Ce type de travail va donner beaucoup de chance Ă des
familles, pas Ă des femmes, pas Ă des hommes mais Ă des familles qui vont
nourrir leurs enfants. Il faut devenir autonome, si vous pouvez donner
l’autonomie ce serait bien, oui, il ne faut pas seulement s’occuper des
enfants, il faut travailler aussi avec les familles, avec les parents. Après
l’agression, c’est de cela qu’on a besoin.
- Prés du centre à Rafah, il y a une fromagerie qui fabrique
un seul fromage, il faut en faire plus, la dame est d’accord. Il y a aussi un
petit projet auquel je pense : on n’a pas d’usine de verre à Gaza, aujourd’hui,
il n’y a plus rien du tout. Voir une société qui veuille faire une usine pour
fabriquer du verre.
- Il est important de voir comment on peut fabriquer des
choses avec le matériel dont nous disposons.
- Si vous voulez nous aider, aider nous Ă fabriquer et donc
Ă former les gens, les parents, avec la formation on peut aller plus loin et on
retrouve sa dignité. On ne peut pas s’occuper des enfants sans s’occuper des
parents.
Nasser nous adressera
prochainement des micro-projets pour les parents des enfants suivis dans les
Centre de EJE.
Rendez-vous
téléphonique, demain fin de journée.
Mercredi 21 janvier
2009 - 16h40 heure locale
Nasser nous dit :
- Ça va mieux. Hier soir après l'appel : rencontre au Centre
de Jabaliya dans une école de l'UNRWA (filles et femmes avaient dansé avec
Stéphane Hessel lors de la mission de la Voix De l’Enfant en octobre 2008). Des
familles vivaient dedans pendant la guerre, entre 2 et 5 familles dans une
salle de classe. Maintenant les familles rentrent chez elles. Elles n'avaient
presque rien Ă manger, du pain. 1 fois par jour, maintenant les enfants jouent.
- Nous avons l’électricité. Nous avons commencé à faire le
ménage car c'est très sale.
- Au nord de Gaza, tout est cassé. Nasser prépare un rapport
sur les visites avec l'équipe d’EJE. Quelqu’un lui a dit "J'avais une maison
quelque part ici". Ça l'a beaucoup touché.
Même les écoles chrétiennes ont été touchées. Ils ont tué
trop de civils.
- Nasser a parlé aux animateurs qui ont perdu de la famille
(exemple d’un animateur ayant perdu 4 cousins et un autre membre de la famille).
Les garçons ont été plus touchés que les filles car parfois, ils sortaient
pendant les bombardements.
- La famille de Nasser va bien. Sa sœur est retournée chez
elle à côté de Gaza, mais beaucoup de corps et d’odeurs affreuses, donc ils
mettent du parfum !
- Les banques sont ouvertes Ă partir de 8h30, mais il faut
ĂŞtre lĂ avant car il y a la queue pendant 2h/2h30. Le salaire des animateurs
sera distribué mais 1000 shekels maximum (soit environ 193€).
- On trouve davantage de pain.
- Il y a encore des bombardements depuis la mer, aujourd'hui 2 enfants sont morts Ă Gaza.
- Nasser visite des usines et des fermes bombardées, avec
les vaches et les poulets dedans.
- Il y a une fille dans l’école de l’UNRWA qui ne veut pas
parler. Le psy ne sait pas quoi faire.
- Tout le monde est triste, malade, ne sait pas quoi faire. On essaie d’aider les familles les plus en difficulté.
- Nasser attend notre coup de téléphone le lendemain. Il dit
que le coup de fil quotidien est comme un drogue, il l'attend impatiemment tous
les jours.
Nous aurions du
pouvoir parler jeudi Ă Nasser, comme tous les jours, mais nous ne parvenons pas
Ă le joindre.
Mardi 20 janvier 2009
– 19h15 heure locale
Nasser nous dit :
- Beaucoup de problèmes de réseau téléphonique aujourd'hui.
- Choc aujourd'hui, pas de guerre mais un véritable
tremblement de terre pour tout le monde. Wafa coordinateur du centre Jabaliya +
Ali le psy + Talaat sont partis ensemble en voiture pour voir des choses
terribles (Gaza et ailleurs), des maisons détruites.
- Ils ont pris des photos des dégâts au nord de Gaza, tout
est détruit, même les rues, les écoles de l'UNRWA et de l'Etat. C'est comme le
film "Terminator" où des gens viennent tout détruire.
L'hôpital Croissant-Rouge est détruit et le stock de médicaments aussi. Il faudra minimum 2 ans pour recommencer à "vivre", pas de fer pour construire, ni de ciment depuis 3 ans, pas de sable, pas de bois.
D'après l'UNRWA : 20 000 maisons détruites + 50 000 avec de gros dommages dans lesquelles on ne peut pas vivre, sans compter les maisons non recensées.
- Il y a des morts partout dans les rues, hommes, femmes, enfants,
animaux.
MĂŞme les chevaux si importants pour le transport, sont morts
et étalés dans la rue.
Même les panneaux sur la route sont détruits, les feux. Deux universités (une école islamique Hamas, et une
école non Hamas) ont été bombardées. La 1ère, on peut comprendre
mais pourquoi la seconde ?
- Le Camp de Jabaliya est très touché car les maisons sont
exigües et les toits plus fragiles. Lorsqu’une maison est visée, ce sont 5 ou 6
maisons qui tombent. Le centre de police a lui aussi, été touché. Le Centre EJE
est endommagé (fenêtres, portes, matériel, tables et chaises).
L'UNRWA a recommencé à travailler.
Coupure de la ligne…
Nasser nous dit :
- « Oui ça va, ça va. En fait, je suis sorti ce matin, je suis allé au marché, ça fait du bien, je suis allé à la banque, j'ai pu tirer 200 shekels, c'est peu par rapport aux besoins de la maison (produits pour les enfants). On vient d’acheter du lait et quelques yaourts « nature » qui viennent d'arriver d'Israël. Il n'y a pas de fruits au marché mais j'ai acheté des légumes.
- Les rues sont pleines de gens, tout le monde bouge, tout le monde sort.
- C'est la première nuit que je dors un peu depuis 24 jours,
- J'ai décidé de bouger et d'aller demain matin voir les 4 centres et voir là où il y a eu beaucoup de bombardements. On aura plein de travail à faire d'ici demain. A partir de demain, on va tourner sur le terrain, il y a de temps en temps de l'électricité.
-
- Ça va beaucoup mieux qu'avant, tu sais, quand il y a la guerre tout le monde perd, quand il y a la paix tout le monde gagne. Là tout le monde a perdu, la majorité sont des civils, plus de 80 % des blessés et des morts sont des civils. Ce sont les gens qui ont perdu, ce ne sont pas les soldats.
Rendez-vous au téléphone demain v
modifié le 10 Février 2009