Affaire Marina : communiqué de presse
12 Juin 2013
Communiqué de Presse
Suite de l’affaire Marina
Paris, le 12 juin 2013
Le
7 août 2009, Marina, 8 ans, décédait suite aux coups répétés et aux tortures
que lui ont fait subir, pendant des années, ses parents.
Si
la Cour d’Assises a condamné cette mère et ce père coupables d’actes
monstrueux « à la peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie
d’une peine de sûreté de 20 ans pour actes de tortures et de barbarie sur leur
fillette dont certains ont entraîné la mort », une nouvelle fois, le
système français de la protection de l’enfance, judiciaire, social et médical,
a montré ses limites et ses failles, pris notamment en tenaille entre un
professionnalisme affirmé et sa lourdeur administrative.
Ce
constat a conduit, tout-au-long de la procédure et après le délibéré de la Cour
d’Assises, la Voix De l’Enfant à s’interroger sur la capacité des autorités
compétentes, en charge de la protection de l’enfance, à prendre toute la mesure
de leurs responsabilités, tant individuelle que collective.
La
Voix De l’Enfant vient de prendre connaissance du classement sans suite de la
plainte « pour non-assistance à personne en danger »
déposée, près la Cour d’appel d’Angers, par la tante de Marina. Plainte au
pénal à laquelle la Voix De l’Enfant s’était associée.
Bien
que regrettant que cette plainte n’ait pas abouti, la Voix De l’Enfant se
félicite de l’enquête diligentée par le Procureur de la République du Mans,
Madame Rieutort, qui a répondu à l’ensemble des éléments soulevés dans la
plainte déposée par maître Szpiner. Alors que les conclusions exonèrent de
toutes responsabilités ceux dont la mission est de les assumer et de les
partager, la Voix De l’Enfant reconnaît la précision de l’argumentation
développée.
Elle
a clairement souligné, point par point, la chaîne des responsabilités où
chacun, une nouvelle fois, a décelé un élément instillant un doute sans pouvoir
intimement conclure Ă un fait grave et concluant.
Une
plainte classée sans suite parce qu’il n’y a pas plus de responsabilité
individuelle que collective, comme Madame le Procureur le rappelle: « il
faut surtout que cette personne se soit en connaissance de cause, délibérément
abstenue d’intervenir de manière suffisante et adaptée au moment où son
assistance était requise ».
Cette
réponse, adressée à la Voix De l’Enfant et à son avocat Maître Szpiner,
démontre des dysfonctionnements et ce, malgré une législation protectrice et la
volonté de plusieurs professionnels de faire évoluer des dispositifs trop figés
voire usés.
C’est
pourquoi la Voix De l’Enfant n’est pas seulement engagée dans un
« réquisitoire » mais dans un travail continu d’initiatives sur le
terrain.
Ainsi,
en rassemblant, depuis 1998, dans le cadre de création des Permanences et
Unités d’Accueil Médico-Judiciaires Pédiatriques, l’ensemble des acteurs
judiciaires, médicaux et de la protection de l’enfance, pour faciliter le
recueil de la parole de l’enfant, en particulier victime, la Voix De l’Enfant
apporte sa pierre à l’édifice de l’enfance en danger.
La
Voix De l’Enfant continue de militer pour que de tels drames ne se reproduisent
plus par la mise en synergies de l’ensemble des acteurs de la protection de
l’enfance et le développement de pratiques innovantes en termes de prévention
des risques.
Elle
se félicite de l’ouverture d’une UAMJP au Mans, du renforcement du protocole
départemental de coordination pour la protection de l’enfance en Sarthe qui
prend en compte les manquements relevés dans l’affaire de la petite Marina et
reste vigilante quant au suivi, tant Ă©ducatif que psychologique, des situations
des enfants en danger.
La
Voix De l’Enfant poursuit son action et constate que, depuis le drame de
Marina, d’autres enfants suivis par les services de l’aide sociale à l’enfance
et/ou un juge des enfants sont décédés sous les coups de leurs parents dans
d’autres régions de France.
La
Voix De l’Enfant demande, qu’au-delà des déclarations d’intention et des
colloques de circonstance, des mesures identifiées soient prises pour pallier
les carences systémiques dues au cloisonnement d’organisations, individuellement
performantes.
Contacts :
Communication : 01 40 22 04 22 communication@lavoixdelenfant.org
modifié le 17 Juin 2013